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Chroniques et articles Causeur

SECRÉTARIAT D’ÉTAT AU BUZZ

Forte du slogan de son parti, « Ensemble la France », Mme Marlène Schiappa a su créer un point commun entre deux hommes qu’a priori tout oppose : Alain Finkielkraut et Cyril Hanouna.

Les deux ont dernièrement eu a faire à elle.

Finkie parce qu’il a osé la critiquer. Ce qu’elle aurait dû prendre comme un honneur s’est vite mué en outrage.

Phase 1 : Dans L’esprit de l’escalier, animée par notre vénérée Élisabeth, Alain rappelle la manière dont Marlène, dans une tribune de 2014, s’en était prise à Manu, Premier ministre de l’époque, parce qu’il avait dénoncé l’antisémitisme prospérant dans les quartiers populaires. Elle écrivait de plus au passage que l’interdiction du voile à l’école était contraire à l’esprit de la loi de 1905.

Phase 2 : Madame la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes se rue sur son clavier devenu ministériel pour tenter l’humour aux frais de Finkielkraut, avec l’habileté d’un footballeur essayant de marquer un panier.

(On nous souffle dans l’oreillette que la prochaine étape sera une mise en boîte d’Heidegger par Nabilla.)

Au milieu de traits d’esprit dont on gardera le secret (il ne faudrait pas qu’à défaut de mourir de rire les Français meurent de honte), elle accuse l’académi- cien (qu’elle prenait pour un chroniqueur télé, sans blaguer) de faire dans le commentaire de propos rapportés et précise : « Jamais je n’ai milité contre l’interdiction du port du voile par les enseignantes ou par les élèves à l’école. »

Phase 3 : Alain Finkielkraut répond en citant simplement Marlène Schiappa : « Interdire le voile c’est recon- naître le voile comme signe religieux, donc recon- naître une religion, interdire le voile à l’école est donc contraire à la loi de 1905. Interdire aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires de leurs enfants relève ni plus ni moins de l’islamophobie. » KO au premier round, Marlène au tapis, vaincue par ses propres mots.

Et puisqu’elle maîtrisait dorénavant le rire, Mme Schiappa, à peine réanimée par son soigneur, s’est empressée de demander à rencontrer Cyril Hanouna, taxé par tous ceux qui savent, d’homophobie.

En préambule, je dois avouer mériter le camp de rééducation car Cyril Hanouna me fait souvent rire. C’est un grave défaut qui me confère tout de même l’avantage de savoir à peu près ce qui se dit dans son émission, puisque je la regarde parfois. Et non seulement je n’y ai jamais décelé la moindre trace d’homophobie, mais j’ai le sentiment qu’elle contribue à banaliser l’image des homosexuels auprès d’une tranche du public qui n’est pas forcé- ment la plus tolérante dans ce domaine.

Et justement, deux jours avant le sacrilège, il était à peu près le seul parmi les émissions de divertissement à parler du sort infernal des homosexuels en Tchétchénie, pendant que tous ceux qui le lynchent aujourd’hui ne levaient pas le petit doigt.

Quelques mois auparavant, j’avais vu une émission où un spectateur lui avait demandé de pouvoir faire une surprise à son compagnon en lui exprimant son amour en direct.

Salaud d’Hanouna !

Je crois me rappeler également de quelques évocations des refuges pour homosexuels, voire des appels aux dons pour les aider.

Salaud d’Hanouna !

Quant à l’émission incriminée, je l’ai vue et je ne suis pas persuadé que tous ses détracteurs puissent en dire autant, puisqu’ils se glorifient de ne pas se salir avec ce genre d’inepties.

Je l’ai vue et j’ai ri. J’ai même pensé que c’était un fake, pour diverses raisons. De quoi s’agissait-il ? Un faux pro l d’homme bi sur un site de rencontres. Photo sans visage d’un torse imberbe et musclé. Annonce explicite pour recherche torride : ceux qui appelaient savaient très bien où ils mettaient les pieds, même si ce n’est pas le premier organe qu’ils avaient envie de mettre dans ce garçon.

Il était clairement là pour du cul et toutes les pudi- bonderies visant à nous laisser penser que ces garçons qui appelaient espéraient trouver l’amour sont à pleurer de rire. D’ailleurs, la manière dont lesdits garçons démarraient la conversation (« Alors, il paraît que t’aime être dominé, petite salope ? ») ne laissait aucun doute sur le but de leur appel. On ne peut parler ni de romantisme ni d’échange d’idées. C’était cash and trash.

De plus, une lle a également appelé puisque l’annonceur se déclarait intéressé par les hommes ET les femmes. Elle a été aussi caliente que ses homo- logues masculins, mais curieusement personne ne s’est indigné dans ce cas de l’hétérophobie d’Hanouna.

En résumé, appâtés par une annonce très sexuelle, des gens ont appelé dans l’espoir de baiser.
Ce qu’on peut reprocher à TPMP c’est de ne pas avoir masqué les voix car il est e ectivement très ennuyeux que ces personnes aient pu être recon- nues. (Cela faisait d’ailleurs partie des raisons qui me laissaient croire à un fake.) Mais de trace d’homophobie, je n’en vois pas.

L’épisode du garçon viré par sa famille à la suite de l’émission semble tellement peu étayé que je passerai sans plus de commentaires.

Qu’à cela ne tienne. Notre secrétaire d’État humoriste a demandé à lui parler. Et de cette entrevue constructive, il est sorti une mesure qui montre bien que le renouveau c’est maintenant.

Un buzzer anti-homophobe ! Toute allusion tendancieuse devra se faire buzzer.
Je vous disais bien que c’était juste une histoire de cul, ce scandale.

En marche sur la tête

Ajoutez à cela François Bayrou, celui qui devant les caméras disait à Macron qu’il ne lui demandait rien en échange de son soutien mais demandait plus au moment des investitures, notre ministre de la Justice, donc, qui retweete le démenti de Marielle de Sarnez, ministre chargée des A aires européennes, visée par une enquête pour soupçons d’emplois ctifs.

Ce qui a fort logiquement fait bondir le syndicat FO-magistrats qui s’interroge : « Comment interpréter le fait que le garde des Sceaux, qui s’est abstenu de tout commentaire dans l’a aire Ferrand au nom de l’indépendance de la justice, tweete en faveur d’une collègue ministre alors que la justice est sur le point de lancer une procédure judiciaire ? » Comment ne pas y voir une forme de pression sur l’institution judiciaire qui ne peut désormais ignorer que sa plus haute autorité est du côté de la ministre ?

En marche à l’ombre ?

À propos de mise à l’ombre, j’apprends à l’instant que le parquet de Brest a finnalement décidé de déclencher une enquête préliminaire dans l’affaire Ferrand.

Ils sont trop forts, ces Bretons ! Ils viennent de prouver que contrairement à ce que disait notre président, ils ne manquent pas d’instruction. Ils viennent de l’ouvrir.

Faut jamais jeter d’huile sur les Breizh…

Enfin, je ne peux vous laisser sans citer une dernière fois Marlène qui, concluant le forum d’Happy Men (un réseau d’hommes engagés pour la parité en milieu professionnel, où on ne discute qu’entre couilles, pas de femmes dans ce mouvement), tweetait :  « L’empowerment des femmes n’ira pas sans le dispowerment des hommes.  »

Marlène, I feel que ça va going to be a festival !

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